Au soleil Couchant

Une forteresse dans le foin

Parfois, en traversant les gîtes de la ferme  de tendres souvenirs, comme les appellait ma grand-mère, me reviennent en mémoire. En voici quelques-uns.

A l’étage du gite “Au soleil Couchant” les chambres sont un grand fenil où la réserve de foin pour le bétail est stockée pour l’hiver. De petits ballots d’une quinzaine de kilos remplissent l’entièreté de l’endroit.

Quel plaisir pour nous gamins d’y  passer les mercredis après-midi. J’ai toujours la chance d’avoir un copain dans le village qui vient jouer avec moi. Michaël, Jean-marc, Jacques, Stéphane, Jean-François sont mes premiers coéquipiers pour construire l’aventure du jour.

Le jeu peut enfin commencer, il n’y a pas vraiment de règle, elles se construisent au fur et à mesure. C’est au rythme de bruitages imitant le fusil et les flèches que se déroule notre western du fenil.

Aujourd’hui c’est Michaël qui est  le dangereux sioux, je suis le cow-boy, lui est l’indien. Le fort sera construit d’un côté, les tipis de l’autre. La construction peut commencer, les ballots font office de légos géants. Cela nous prend une partie de l’après-midi pour mettre au point la forteresse idéale. Tout est enfin construit, s’ajoutent au dernier moment les remparts que j’ai oubliés de réaliser.

Le temps passe, trop vite, toujours trop vite. J’entends une voix au loin qui m’appelle. C’est ma maman, il est temps de rentrer pour le goûter. Je n’ai pas envie mais je sais que maman a préparé les galettes. Cela adoucit la fin des combats, le ventre prend le dessus….

Emmanuël Delfosse